L'Oiseau frileux

L'Oiseau frileux

mercredi, septembre 03, 2014

Retours en arrière en France? En avant toutes!


Et de un

Faut-il rétablir la blouse?



Revenir en arrière projette de plus belle, plus efficacement vers l'avenir, le vrai, l'indiscutable progrès.

[...] Je voudrais attirer l’attention sur un riche débat surgi depuis plusieurs mois des profondeurs de la société civile et de la réflexion scolaire : faut-il instaurer la blouse à l’école ? Rien d’étonnant à ce que l’effervescence et les sollicitations « sociétales » précèdent la volonté de l’État. Cela a été le cas pour beaucoup de grandes réformes. L’officiel vient consacrer ce que l’officieux a déjà proposé, parfois même élaboré.
Dans cette controverse de haut niveau parce que, contrairement à ce qu’on pourrait croire, elle touche l’essentiel, je me tiens résolument du côté des partisans du port de la blouse.
[...] Je considère qu’aujourd’hui, depuis des années mais avec un mouvement qui s’est amplifié négativement, dans quelque établissement que ce soit, la diversité des apparences, leur contradiction entre le chic, l’esthétique argentée et les trouvailles des uns et la vulgarité, le clinquant et le débraillé chiches des autres – sans omettre les glissements intermédiaires – sont devenues telles qu’elles représentent un danger pour cette égalité de base, ce terreau qui devrait exclure toute aigreur, jalousie ou ressentiment afin de le constituer comme un prélude neutre et donc exemplaire à l’essentiel. Qui n’a trait qu’à la formation et à l’enseignement.

Une Éducation nationale digne de ce nom – il va de soi que le port de la blouse ne serait que l’un des éléments participant à son redressement – ne devrait pas autoriser une liberté de tenue frustrante et blessante face à ce qui devrait mobiliser les énergies et qui tient en un mot : apprendre. Et de la part de professeurs ayant en face d’eux l’image républicaine de l’unité au lieu de la démonstration ostensible d’une école déchirée et bariolée.
La blouse sortirait l’élève du narcissisme inévitable et distrayant suscité par la mode, les effets portés et l’absurde culte des marques pour le ramener – qu’il soit bon, médiocre ou en progrès – vers cet univers qui ne prend véritablement son sens et son efficacité que si on le déconnecte des poncifs du genre « l’école dans la société » !
Au contraire, l’école sans la société est la voie d’avenir et d’excellence, quitte, si on le souhaite mais sans en abuser, à instiller dans l’enseignement des problématiques sociales éclairantes. Il s’agit de redonner la vigueur qu’il mérite au lien entre le maître et l’élève en le débarrassant des scories, de cette périphérie inutile et envahissante. Porter la blouse, ce sera chasser d’emblée tout ce qui ne servira pas l’école.
Il me semble aussi – je l’espère en tout cas – que l’abandon de la vanité des apparences libérera d’autres virtualités, éveillera d’autres appétences et rendra plus présents, plus sensibles d’autres intérêts. Sortir un peu de soi, obéir à l’uniformité républicaine qui ne sera pas perçue comme une injonction mais comme un honneur et une chance, autant de chemins que le futur appelle plus que le passé ne les retient.
Ultime interrogation que nous aimons nous poser alors qu’au fond elle est vaine : sera-t-il réactionnaire d’instaurer la blouse à l’école ?
Dans ce domaine comme dans tant d’autres, acceptons aujourd’hui, sans mauvaise conscience ni timidité, l’évidence que revenir en arrière projette de plus belle, plus efficacement vers l’avenir, le vrai, l’indiscutable progrès.

Philippe Bilger

Source: Boulevard Voltaire 

Et de deux

À Puteaux, cartables roses pour les filles et bleus pour les garçons !


Heureusement que la presse veille à l’orthodoxie républicano-socialiste et dénonce les scandales comme celui qui vient d’éclater dans les Hauts-de-


En cause, la décision de la mairie de Puteaux d’offrir un cartable aux écoliers de la commune. Rien à redire sur le sujet lorsque l’objet en question est noir. Mais cette année, les objets du délit sont roses pour les filles et bleus pour les garçons. Et, en prime, on offre à ces derniers un livre pour apprendre à monter un robot, tandis que leurs sœurs reçoivent un guide pour créer leurs propres bijoux.

Il faut dire que la théorie du genre, qui n’existe pas sauf dans l’esprit de quelques paranoïaques homophobes et malintentionnés, s’oppose formellement à la perpétuation de tels stéréotypes. D’ailleurs, le très sérieux Point titre « Des fournitures scolaires très “genrées” », tandis qu’un opposant politique confie généreusement à Libé : « Ce n’est pas un message politique contre la théorie du genre. C’est juste du stéréotype bête et idiot. » Mais, on vous le dit, la dite théorie n’existe pas.

Stéréotypes : le mot est lâché. Il est devenu, comme le racisme il y a trente ans, l’hydre contre lequel il faut lutter sans relâche. Pour sauver l’humanité, luttons contre les stéréotypes. Celui selon lequel les filles préfèrent les poupées et les garçons les soldats. Celui selon lequel les femmes ont moins d’accidents que les hommes : désormais, il est discriminatoire d’appliquer des tarifs d’assurance moins élevés pour nos compagnes ! Celui selon lequel les déménageurs qui montent les pianos au huitième sans ascenseur sont plutôt des hommes costauds. Celui selon lequel un catho est forcément homophobe, doublé d’un imbécile s’il est de droite… Pardon ? Ce n’est pas un stéréotype ? Ah, je suis confus, je ne recommencerai pas.

C’est bien, le stéréotype : ça fait moderne, un peu savant, et personne n’a rien contre le fait qu’on voie les choses telles qu’elles sont plutôt qu’au travers d’un cliché, non ? Mais ça dépend desquels. Parce que, comme pour le racisme, il y a le bon et le mauvais stéréotype. On pourrait en faire un jeu pour s’entraîner de façon ludique. À chaque expression, répondez « bon » ou « mauvais ». Exemples : socialiste généreux ; femme coquette ; curé pédophile ; romanichel trafiquant ; homme qui fait bouillir la marmite ; musulman intégriste ; etc.

À Puteaux, le maire ne semble pas avoir compris l’importance d’un tel combat. Pourtant, nous disait France Intox le 2 septembre, l’édile ne semble pas particulièrement proche de la Manif pour tous. Tiens, en voilà encore un. Un bon, évidemment.

On en viendrait à regretter Jacques Chirac : sous sa présidence, personne ne se serait étonné de la création d’une Haute Autorité de lutte contre les stéréotypes, dont la présidence aurait été confiée à une personnalité socialiste bien en vue. C’est désormais inutile. Non seulement les chiens de garde veillent, mais encore l’égalité hommes-femmes a fait de grands progrès. Ainsi, trois jeunes filles ont torturé une des leurs parce qu’elle regardait un peu trop leurs petits amis. De vrais comportements de garçons. Des Mesrine en puissance.

Najat¹ peut se réjouir : mission accomplie !


François Teutsch

Source: Boulevard Voltaire
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¹ Najat Vallaud-Belkacem,  Ministre de l'Éducation nationale

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